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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 22:04
L'association Autisme France a recensé ici toutes ses actions qui ont permi d'améliorer la prise en charge des personnes autistes.
 
Voici les conséquences de ces actions :
 
  • 19 mars 1994 - Le CCNE Comité Consultatif National d’Ethique est saisi par l'association " Autisme France"
 
Motifs de saisie :
 
- difficulté d'avoir un diagnostic précoce
- méconnaissance du syndrome ( vision psychanalytique )
- prise en charge non adaptée
    
 
  • 10 janvier 1996 -  Avis 47 du CCNE - Comité Consultatif National d’Ethique    
     
  • 26 juillet 2002 - Réclamation collective auprès du Conseil de l’Europe

    Ci joint : Un historique de la condamnation de la France par le conseil de l'Europe et de ses conséquences

Autisme France est à l’origine d’une démarche, portée ensuite par Autisme Europe, auprès des instances européennes. Il s’agit d’une réclamation collective, déposée le 26.07.02 auprès du Conseil de l’Europe L’objet de cette action est de faire constater par le Conseil de l'Europe, organisation garante du respect des droits de l'Homme en Europe, que la France ne respecte pas ses engagements internationaux pris au titre de la Charte sociale européenne, en n’offrant pas aux personnes autiste l’éducation dont ils ont besoin.
       
         
  • 4 Novembre 2003 - Condamnation de la France par le Comité Européen
    
 Le Comité Européen des droits sociaux conclut au non respect par la France de ses obligations éducatives à l’égard des personnes autistes, telles qu' elles sont définies par la Charte sociale européenne (Cette décision, prise le 04.11.03, ne sera rendue publique que le 11 mars 2004, le lendemain de l’analyse effectuée par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe).
 
Verdict 

Résolution ResChS(2004)1 :

Réclamation collective n° 13/2002 par Autisme-Europe contre la France

 Adoptée par le Comité des Ministres le 10 mars 2004, lors de la 875e réunion des Délégués des Ministres du Conseil de l'Europe.

 

Le Comité des Ministres

 Vu l’article 9 du Protocole additionnel à la Charte sociale européenne prévoyant un système de réclamations collectives,

 Considérant la réclamation présentée le 26 juillet 2002 par Autisme-Europe contre la France,

Vu le rapport qui lui a été transmis par le Comité européen des droits sociaux, dans lequel celui-ci conclut que la situation en France en ce qui concerne le droit à l’éducation des enfants et adultes autistes constitue une violation des articles 15-1 et 17-1 tant pris isolement que lus en combinaison avec l’article E de la Charte révisée pour les raisons suivantes :

 

« … le Comité observe que, s’agissant des enfants et adultes autistes, la France n’a pas, en dépit d’un ébat national vieux de plus de vingt ans sur l’importance du groupe concerné et les stratégies pertinentes de prise en charge, marqué des avancées suffisantes, même après la promulgation de la loi du 30 juin 1975 d’orientation des personnes handicapées, dans la prise en charge de l’éducation des personnes autistes. Il observe également que la définition de l’autisme retenue par la plupart des documents officiels français, en particulier ceux produits dans le cadre de la présente réclamation, est toujours restrictive par rapport à celle de l’Organisation mondiale de la Santé, et que nombre de statistiques nécessaires à l’évaluation rationnelle des progrès réalisés au fil du temps font toujours défaut.

Il considère […] comme établi que la proportion d’enfants autistes par rapport à l’effectif total du groupe - conçu extensivement ou restrictivement - scolarisée dans les établissements de droit commun ou spécialisés demeure, ainsi que les autorités elles-mêmes l’admettent, extrêmement faible et significativement inférieur à la proportion constatée pour les autres enfants, handicapés ou non ; il est également établi et non contesté par les mêmes autorités qu'il existe une insuffisance chronique de structures d’accueil ou d’appui pour autistes adultes » (para.54).

1 - Prend note de la déclaration du Gouvernement défendeur indiquant que le Gouvernement français s'engage à mettre la situation en conformité avec la Charte révisée et que des mesures sont prises à cet effet ;

2 - Appelle de ses voeux que la France fasse état, lors de la présentation du prochain rapport relatif aux dispositions pertinentes de la charte sociale européenne révisée, d'une amélioration de la situation.

 
Cette condamnation a entraîné les premiers efforts de la France pour se mettre aux normes occidentales en matière d’autisme ( Mise en place de Centres Ressource Autisme )
 
     
  • 10 Juillet 2005       
Le Comité consultatif national d'éthique d'éthique (CCNE) est saisi par plusieurs associations de familles de personnes atteintes d'autisme. 
 
Motifs de saisie
 
- Conceptions  déplorables de prise en charge en France des enfants et des personnes souffrant d’autisme
- Absence ou le défaut de prise en charge éducative, en contradiction avec les programmes d'accompagnement actuels européens.
- Comportement déplorable d’une grande partie de la société française à l’égard des personnes atteintes de handicap, l'indifférence aux problèmes majeurs que les personnes autistes et leurs familles doivent affronter pour pouvoir assumer leur vie quotidienne, et l’absence de véritable politique globale d’insertion sociale.
       
 
  • Novembre 2007 - Avis 102 du CCNE - Comité Consultatif National d'Ethique
        
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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 13:39

Le 03 Janvier 2012, le collectif de soutien au film publie sur son site une letttre ouverte adressée à Martine Aubry, lui demandant de clarifier ses positions concernant la prise en charge de l'autisme en France.

 

Le collectif réagit ainsi aux propos que la première secrétaire générale du PS tient dans une lettre adressée au professeur Pierre Delion, lettre rendue publique le 24 Décembre sur le site de Michel  Balat, psychanalyste.

 

      soutenons le mur

 

 

 

 

 

 

 

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 14:28
4CartVoeuxCroCo 

   
 
Opération voeux 2012  
 
 Cartes de voeux à envoyer aux structures et professionnels ayant une approche psychanalytique de l'autisme
 
 
  • Vous voulez un diagnostic précoce, une prise en charge adaptée pour votre enfant ?
…mais les professionnels que vous avez recontré vous proposent au mieux d’attendre, tout en insinuant que vous êtes à l’origine du problème ?
 
  • Vous voulez que votre enfant reçoive de l’education , pour etre inséré plus tard dans la société ?
…mais tout ce qu’on vous propose est du soin, et une insertion à vie en Hopital Psychiatrique ou IME polyhandicap ?
 

Vous pouvez leur exprimer votre ras le bol !

Envoyez des cartes de voeux aux psychanalystes et aux structures et professionnels ayant une approche psychanalytique de l’autisme.
Une maman a réalisé 2 cartes de voeux types, disponibles ici ( 4 cartes par page )
 
 
  • Vous pouvez, durant la periode des fêtes :
Imprimer ces cartes 
Les mettre dans une enveloppe timbrée, adressée à des structures à approche psychanalytique ( CMP, Hopitaux de jour, IME SESSAD etc..) ou psychanalystes de votre choix

    Où trouver les adresses ?    

 

  •     Sur le site internet de votre MDPH ou CDA departementale
  •     Sur le site internet de votre CRA
 
  • Adresses d’instituts et hopitaux, CMP à Paris    
- Coordonnées de tous les centres spécialisés ( hopitaux de jour, IME etc..) de Paris
 - Coordonnées de centres à Paris et region parisienne
 
  

 

Tous ensemble, partout en France, nous serons plus forts pour faire réellement changer la situation de l’autisme dans notre pays.
 
Plus de détails ici :
http://www.soutenonslemur.org/ 2011/12/26/action-voeux-2012/
Merci de diffuser cette opération aux associations de parents, dans les forums...
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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 20:15
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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 10:12
Serge Christin

 
Psychologue en exercice dans le secteur Médico - Social
 
 
 

En tant que psychologue en exercice dans le secteur médico social depuis 1985 j’atteste que dans ce milieu, l’imposture psychanalytique, pratique verbeuse maladive qui défie la raison et tourne le dos à la science de façon délibérée depuis un demi-siècle, occupe encore aujourd’hui une place très largement dominante.
...
Durant toute ma carrière, j’ai lu et entendu l’immense majorité des « psys » français qu’ils soient modestes ou de renom, déblatérer le genre d’inepties prononcées dans le film « Le Mur » et que s’approprient sans esprit critique les éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux et même des rééducateurs qui abandonnent les fondamentaux de leur métier pour se livrer à ce freudo-lacanisme qui abolit toutes les frontières de compétence.

Ce délire pseudo scientifique séculaire qui fait de la France, pays des Lumières, la risée du monde est encore le socle majoritaire de tous les enseignements dispensés notamment en psychologie, dans les écoles d’éducateurs et dans les centres de formation.

Je ne connais pas un domaine au sein duquel règne et se cultive une bêtise, une ignorance et un obscurantisme aussi consternants.

Je soutiens totalement Sophie ROBERT et « Autistes Sans frontières » pour « LE MUR » qui mérite la Palme d’Or du documentaire ainsi que les Associations et les personnalités scientifiques parmi lesquelles il y a des psychologues et des psychiatres éclairés qui en ont assez de voir le destin des patients livrés à ces charlatans.

Lorsque étudiant, j’étais stagiaire en Service Psychiatrique vers 1984, j’ai assisté à la pratique du « Packing » consistant à envelopper des enfants handicapés mentaux, déficients psychiques et autistes dans des draps et couvertures ayant trempé dans une baignoire remplie d’eau et de blocs de glace.

Nous étions tous les membres de l’ "équipe soignante" disposés en cercle et invités à dire tout ce qui nous passait par la tête, à observer l’enfant grelotter mais opérant une sorte de nouvelle naissance.

J’ai honte de ne pas avoir dénoncé cette pratique stupide et barbare dont j’entends dire qu’elle est toujours d’actualité.

Je fournis cette attestation à Sophie ROBERT pour qu’elle soit produite en justice et vous fais part de la honte que mon pays et ma profession m’inspirent même si j’aime passionnément mon métier.

 
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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 14:46

 


Mail adressé par Thomas Legrand à autistes sans frontières, au sujet du film "le mur ; la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme"

 

Nom : Legrand

Prénom : Thomas

Email : t.legrand@gmail.com

Code postal : 75

Ville : Paris

 

Message :

 L'ensemble des commentaires de mères d'autistes ne montre pas une grande capacité à la remise en cause... Certes, le discours des psychanalystes ne doit pas être facile à entendre pour vous. Mais quand la seule réponse que vous leur faites est qu'ils sont fous, archaïques, dépassés par la science moderne, quand vous affirmez qu'ils accusent les

pauvres mères de tout et de son contraire, vous ne faites que confirmer ce qu'ils affirment : au début de l'histoire d'un enfant autiste, on trouve en général une mère rigide (incapable de la moindre remise en cause), utilisant son enfant pour réaliser ses propres fantasmes de toute-puissance.

 

Ce documentaire montre que le discours des psychanalystes est posé et construit. La documentariste avait préparé des questions dans le but de les déstabiliser. Il aurait été intéressant de voir le propre visage de la documentariste (qui reste caché...) quand elle s'aperçoit qu'aucune de ses questions n'a l'effet qu'elle espérait : tourner les psychanalystes en ridicule.

 

Mères d'enfants autistes, répondez une par une aux affirmations des psychanalystes, avec si possible, un discours aussi posé et construit que le leur. Quand vous ne faites que répondre par la moquerie, et la foi aveugle dans ce que vous appelez un "consensus" de la "science moderne" (consensus qui n'a jamais existé, ce documentaire ne fait que le prouver (à moins d'exclure par définition les psychanalystes du certificat de "scientifique moderne")), vous ne faite que confirmer ce qu'ils affirment.

 

Certes, le discours des psychanalystes est parfois intransigeant.

Demandez-vous pourquoi. A quoi est conduit un psychologue, un observateur neutre, quand il se retrouve face à des mères montrant tant de hargne? On ne

peut pas sauver un enfant autiste en demandant gentiment à sa mère si elle veut bien accepter qu'on l'éloigne un peu de son enfant en souffrance, en

lui demandant gentiment si elle veut bien se remettre un peu en cause. Si on n'est pas ferme avec ces mères hargneuses, l'enfant autiste n'a aucune chance de s'en sortir.

 

Dernière chose : s'il y a bien un discours ridicule, c'est celui de prétendre prouver que le discours adverse est faux avec un seul contre-exemple (la famille en forêt avec la mère gentille et dynamique sous

fond de musique douce et gentille). A ce petit jeu on peut opposer beaucoup d'autres exemples. Il y a moins de deux semaines par exemple, à Martigues,une mère dépressive tue son fils autiste et se suicide :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/11/13/une-mere-de-famille-de-martigues-tue-son-fils-autiste-et-se-suicide_1603127_3224.html

 


La personne qui gère le blog "psychologie, mathématqiues et choses connexes" a répondu à ce mail - 18 Décembre

 

Autismes et sophismes

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 10:53

Le film "le mur" a été projeté à Privas ( Ardeche ) projection organisée par l'association AFIS

 

Compte Rendu par Yann Kindo

 

Nous avons compté 63 personnes présentes, ce qui est vraiment énorme pour un endroit comme Privas.
Il me semble qu'on pouvait distinguer trois catégories dans le public :

 

  • des familles d'enfants autistes, notamment autour d'une association locale, Acabadom. Cela a été pour nous l'occasion de rencontrer Coralie et Anneke, qui sont intervenues dans le débat, et dont on voyait bien, aux visages approbateurs dans la salle, que leur parole « représentait » celle des autres parents peut-être moins à l'aise à l'oral. Du coup, c'est la première fois que je voyais des larmes couler pendant une conférence scientifique que j'animais.

 

  • des acteurs du secteur médico-social local, entre autres, si j'ai bien compris, de l'hôpital de jour de Privas, mais aussi des éducateurs travaillant dans d'autres structures, ainsi qu'une quinzaine d'étudiantes de l'école de moniteurs-éducateurs de Privas, incitées à venir par un de leurs enseignants, et très studieuses (elles prenaient des notes, il doit y avoir une interro dans l'air !)

 

  • le public plus habituel de ce genre de conférences, de type « classes moyennes intellectuelles de gauche »


Deux journaux sont venus couvrir l'événement : le Dauphiné Libéré et l'hebdo ardéchois La Tribune.


Les parents avaient sans doute joué un rôle de relais pour la promotion de la soirée : ils ont appelé le Dauphiné pour dire qu'ils seront présents et qu'il fallait couvrir l'événement, et j'ai retrouvé ce matin chez ma marchande de jeux un flyer que je n'avais pas laissé : elle m'a dit que quelqu'un en avait apporté plusieurs la veille et que des clients en avaient pris.


Nous avons récolté 81 euros pour financer la soirée, dont 44 de vente de numéros anciens de la revue (à un euro pièce). Un seul regret : nous n'avions pas en stock le numéro de « Sciences et pseudo-sciences » spécial psyK, c'est vraiment trop con !!!! Il faut penser à commander en grand nombre pas seulement les invendus des vieux numéros, mais aussi des exemplaires des numéros les plus récents.

La soirée a duré de 20h15 à 22h45. Nous avons d'abord projeté en introduction les 10 premières minutes du document de bonus du DVD, à savoir une présentation par une neurobiologiste de l'INSERM de ses travaux et des connaissances scientifiques actuelles sur l'autisme. Nous avons projeté ensuite « Le Mur » (52 mn), puis Sophie Robert a introduit le débat à partir du procès qui lui est intenté par trois lacaniens présents dans le film.


Je ne vais pas résumer tout le débat, voici mes impressions sur ce qui m'a semblé significatif :

La première intervention a été faite par l'association de familles d'enfants autistes pour dire à quel point ce film et sa projection locale étaient un soulagement pour elles, permettant de médiatiser un combat qu'elles mènent depuis des années. Toute la soirée, les parents ont été très virulents à l'égard de la psychanalyse et soutenaient le développement des méthodes comportementales. C'était à la fois affectif, du fait de ce que les familles subissent à cause du pouvoir des psychanalystes, dont les présupposés sur la toxicité des mères poussent à éloigner les enfants de leur famille (Sophie Robert a aussi témoigné de tous les courriers qu'elle reçoit depuis des semaines allant dans ce sens), mais aussi, j'y reviendrai, c'était très argumenté, et les associations de familles développent un discours « expert »


La plupart des autres interventions venaient des professionnels. Quelques-uns essayaient de relativiser la portée du film : « on ne voit que 10 psyK interviewés dans le film, les autres disent sans doute des trucs mieux » ; « la psychanalyse m'a sauvé la vie » ; « plutôt que de détruire la psychanalyse il faut l'adapter au progrès de la neurobiologie, qui d'ailleurs confirment les postulats de la psychanalyse »... L'intervenant qui a sorti ce dernier argument n'a pas aimé la réponse de Sophie Robert, qui a détruit l'exemple qu'il avait pris – la théorie de l'attachement- en montrant que c'était un contresens, et il est alors sorti (ses collègues de l'hôpital de jour son restés).


On a senti un grand malaise dans une bonne partie de la salle, du côté des professionnels du secteur, ou du côté des gens éduqués dans le bain intellectuel de la psychanalyse. Plusieurs disaient qu'il étaient très choqués par ce qu'ils venaient de voir, et qu'ils allaient devoir digérer ça. Personne n'a récité le discours lacanien sur « le comportementalisme c'est du dressage au service de l'ordre néolibéral alors que la psychanalyse c'est la défense de la liberté du sujet » [il n' y aura bientôt plus que dans l'Huma et dans la revue Contretemps que l'on pourra encore lire ce genre d'âneries et que l'on verra expliquer que le bilan de la psychanalyse est globalement positif]. On sentait du côté des professionnels une vraie gêne face au parents, en leur disant que « si, si, sans abandonner la méthode analytique, on s'y met, aux méthodes comportementales, on essaie de s'y former, mais les moyens manquent, etc. ». Sophie Robert et les parents ont expliqué que beaucoup d'institut affichaient une façade comportementaliste, parce qu'une loi de 2005 les obligeaient à développer ce type de méthodes, mais qu'en réalité c'est du saupoudrage contraint et forcé, et que la pratique restait essentiellement analytique, alors que les méthodes actives nécessitent une cohérence, un personnel en nombre et une pratique intense. L'inertie dans des équipes formées par les psychanalystes fait que des éducateurs voulant se former aux méthodes comportementales et les développer peuvent se retrouver en difficulté professionnelle (ce que confirmait une participante, qui avait l'impression de prendre des risques par rapport à son entourage professionnel en disant qu'elle voulait développer les méthodes comportementales. Elle a confié ensuite à Sophie Robert que sur la base de l'affiche, ses collègues lui avaient conseillé de venir voir le film en croyant que Freud et Lacan y seraient mis en valeur.).

Dans l'ensemble, j'ai vraiment eu l'impression ( je prend peut-être mes désirs pour des réalités, mais je crois pas) que le freudisme en avait vraiment pris un coup pendant cette soirée, et qu'on a assisté en direct à des débuts de déconversions.

Je suis intervenu vraiment une seule fois dans le débat, pour donner un point de vue plus marqué « AFIS », en passant rapidement sur le caractère pseudoscientifique de la psychanalyse et en insistant sur la nocivité du combat qu'elle mène contre la science, à partir de l'exemple du retrait de l'étude de l'INSERM sur les psychothérapies sous la pression du lobby freudien.


Je voudrais conclure sur ce qui ma plus marqué sur un plan personnel et intellectuel, Traditionnellement, à l'AFIS, nous sommes très méfiants vis-à-vis des ONG scientifiques et de l' « expertise citoyenne» , en défendant le service public de l'expertise scientifique, et plus généralement des expertises étiquetées « académiques » ou « institutionnelles ». Par exemple, sur la question des ondes électro-magnétiques, nous sommes très critiques vis à vis de la mobilisation « citoyenne » de Robin des Toits and co, en les caractérisant (à juste titre) comme obscurantistes et antiscientifiques.

Pourtant, sur la question de la psychanalyse, les choses sont très différentes. On voyait bien hier soir à quel point l'institution est encore marquée par une théorie obscurantiste et antiscientifique, et que ce sont les associations d' « usagers » (ici les parents) qui réclament plus de science. Dans le débat les parents m'apparaissaient plus « experts que les professionnels, qui étaient largement sur la défensive et incapables de ou peu enclins à défendre la pratique à laquelle ils avaient été formés. Une fois n'est pas coutume, ce sont les associations « indépendantes » qui défendent le progrès... en l'occurrence celui de leurs enfants face à une thérapie qui a explicitement renoncé à toute idée de progrès.


Aussi, pour une fois, je me suis senti en phase avec des associations réclamant un moratoire : celui sur l'usage de la psychanalyse pour prendre en charge l'autisme.

 

 

 

 

 

Yann

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 14:19

charlie-hebdo.jpg

 Réponse de Magali Pignard

 

 

Bonjour
Je suis maman d'enfant autiste
j'ai lu avec consternation l'article ( 14 décembre ) de Antonio Fischetti
Vous parlez de guerre de tranchée sans une seconde vous demander d'où vient cette guerre.
Voila les faits :
- L'approche psychanalytique de l'autisme est invalidée par la communauté scientifique internationale.
- Seule cette approche est reconnue par l'état Français, et encensée par des journalistes ( scientifiques ?) comme vous.
- La psychanalyse est exclue de l'autisme dans tous les pays civilisés ( sauf la France )
- La France a 40 ans de retard / autres pays en matière de prise en charge des personnes autistes
( pointée régulièrement du doigt par le CCNE, condamné par le conseil de l'europe en 2004 etc...)
Je suis désolée, mais quand un professionnel se rend compte que son approche est invalidée, et dangereuse car conduisant à de la maltraitance ( pas de traitement pour un autiste = mal traitance ) , il doit se former aux approches qui ont fait preuve de leur efficacité et qui sont régulièrement évaluées.
Se former ou passer la main.
Vous parlez de neuropsychanalyse ( spécificité franco française ?)...bref : comment continuer à faire de la psychanalyse en faisant croire qu'on s'intéresse aux neurosciences...
ou comment continuer à se rendre presentable .
La neuropsychanalyse est une non-science.
C'est l'art de ne prendre que les exemples qui vont dans le sens de la théorie posée à l'avance, tout en écartant les exemples la contredisant.
  • En gros en neuropsychanalyse: un seul exemple permet de valider la théorie
  • Et en science : un seul contre exemple permet d'invalider la théorie
Impossible de faire coïncider les deux.
 
Ce que vous faites est grave : vous contribuez à la désinformation du public, en faisant croire que la guerre vient des parents. mais non elle ne vient pas des parents : la guerre vient de professionnels haut placés visiblement incompétents qui refusent d'admettre leur incompétence, qui continuent envers et contre tout ce qui se fait dans le monde entier à affirmer que l'autisme est une psychose etc...savez vous que la France est la risée des autres pays ? Je crois bien que vous ne contribuez pas à changer cela, bien au contraire.
En fait j'ai bien envie de faire traduire votre article et de le diffuser aux états unis...( ils nous suivent et le film  sera montré à la prochaine conference internationale de l'autisme à Philadelphie )
Vous vous pensez libre "ni dieu ni maître"...mais vous êtes finalement très conformiste.
Devoué à la psychanalyse ( ou neuropsychanalyse ce qui est pareil )
Magali Pignard - scientifique
Réponse de Carole Contaud
En tant que maman d’un petit Joaquim, 5 ans, diagnostiqué autiste il y a deux ans, je me permets d’apporter des précisions sur l’article d’Antonio Fischetti autour de l’affaire opposant Sophie Robert et les trois psychanalystes qui la poursuivent en justice afin d’interdire la diffusion de son documentaire, « Le Mur, la Psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » (CH du 14 décembre).
 M. Fischetti insiste, à juste titre d’ailleurs, sur la culpabilisation exacerbée qu’exercent les thérapeutes d’obédience psychanalytique à notre encontre, culpabilisation qui se retrouve dans de nombreux commentaires rapportés dans le documentaire « litigieux ».
 Mais je regrette que vous ayez omis de préciser à quoi est due cette culpabilisation, ni ses conséquences du point de vue des thérapies que ces psychanalystes proposent.
Ces derniers rejettent en bloc les découvertes scientifiques récentes sur les causes neurologiques de l’autisme, pourtant admises par l’ensemble de la communauté internationale et par l’OMS, et considèrent que l’autisme est une psychose causée par une mauvaise relation à la mère.
Conséquences de cette définition erronée de l’autisme, la prise en charge que propose la psychanalyse est totalement inadaptée et ne permet à nos enfants aucune progression, que ce soit au niveau éducatif (en Grande-Bretagne, 70% des enfants sont scolarisés en milieu ordinaire, en France, ce pourcentage tombe à … 20% !), au niveau de l’acquisition de l’autonomie, du langage et des capacités motrices. Sans même parler de leur insertion sociale…

 Il existe des prises en charge qui ont fait leurs preuves, partout dans le monde, mais ces dernières ne parviennent pas à s’imposer en France où, malgré nos efforts pour les faire connaître, la thérapie de type psychanalytique est trop souvent imposée, que ce soit dans les CMP, les IME, les hôpitaux de jour et les instituts spécialisés.
La « guerre de tranchées » que M. Fischetti évoque à la fin de son article est une guerre spécifiquement « franco-française » et explique nos 40 ans de retard par rapport au reste du monde dans la prise en charge de l’autisme.
 C’est pour cette raison essentiellement que nous nous mobilisons pour soutenir Sophie Robert contre la menace de censure qui pèse sur son documentaire."
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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 10:15

 

Analyse des affirmations de Mme Eliacheff

sur le Film « Le Mur : la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme »

 

Emission  Les Matins de France-Culture du 7 décembre 2011

 

 

« Des personnes bien intentionnées, c'est bien pire que celles qui le sont mal »

 

Jacques Lacan, Séminaire XX, Seuil, 1973, p. 64.



1. Une trentaine de psychanalystes

 

« se sont fait rouler dans la farine »

 

Mme Eliacheff reproche à Sophie Robert de s’être présentée comme journaliste travaillant pour Arte, raison pour laquelleces analystes ont accepté d’accorder de longs interviews. Mme Eliacheff souligne que tous ces analystes ont « unerenommée nationale voire internationale ». Autrement dit, ce sont des experts des profondeurs de l’âme1.

 

Celui qui connaît bien les mœurs freudiennes et lacaniennes ne s’étonne guère de la naïveté de ces personnages de grande renommée. Freud lui-même, brillant théoricien et écrivain, manquait totalement de clairvoyance quand il s’agissait d’évaluer des personnes. Les deux disciples auxquels il a accordé les plus hautes responsabilités (Adler s'est vu nommé en 1908 Président de la Société viennoise de Psychanalyse et Jung, en 1910, Président de l'Association internationale de Psychanalyse) sont devenus des « dissidents » très peu de temps après leur nomination. Rank et Ferenczi, qui furent longtemps les disciples préférés après la rupture avec Jung, se sépareront également de Freud. Ils diront que « Freud n'avait pas plus d'intuition qu'un petit garçon » (cités par Jones2). Par contre, Freud s’est toujours méfié de Jones et d’Abraham, des disciples qui lui resteront fidèles jusqu'à la mort.

 

Moi-même j’ai été le premier assistant du professeur Jacques Schotte, à l’époque Président de l’Ecole belge de psychanalyse (l’équivalent belge de l’Ecole freudienne de Paris). En 1972, j’ai défendu ma thèse de doctorat sur Freud, devant un jury composé de quatre psychanalystes et un psychosociologue (c’était l’époque où, à l’université de Louvain, le feudo-lacanisme régnait souverainement). Le jury a trouvé que c’était tellement « brillant » (en fait, tellement conforme aux dogmes freudo-lacaniens) que deux ans plus tard j’étais nommé chargé de cours à temps plein à la Faculté de médecine de l’université de Louvain. Les professeurs qui m’avaient fait nommer étaient bien sûr des psychanalystes ou des gens favorables à ce courant (c’est le système de cooptation, assurant « la reproduction »3). Comment n’ont-ils pas vu que j’allais changer d’avis en 1979 et devenir ensuite très critique à l’égard des élucubrations et des mœurs freudiennes ?

 

L’autre assistant de J. Schotte, Michel Legrand, s’est avéré être d’abord, comme moi, un freudien convaincu, puis un critique acerbe de l’idéologie réactionnaire sous-tendant le freudisme et le lacanisme4. Là encore, le Président de l’Ecole belge de psychanalyse n’avait pas du tout compris qu’il avait affaire à un futur renégat.

 

Pour revenir à Sophie Robert :

 

ou bien elle n’a pas tendu un piège (elle en est arrivée au fil du temps, en toute bonne foi, à trouver le discours freudo-lacanien de plus en plus aberrant et inefficace),

 

ou bien elle a manipulé. Mais, si cette seconde hypothèse est la bonne, il faut reconnaître que tous ces analystes de « renommée nationale voire internationale » n’ont, pour reprendre l’expression de Férenczi et Rank, « pas plus d'intuition qu'un petit garçon ».

 

Quand un(e) journaliste prend contact avec moi, qui ne suis qu’un petit Belge sans renommée internationale, je prends toujours la peine de voir via Internet de qui il s’agit (cela ne prend que quelques minutes). Si son nom n’apparaît pas ou quasi pas dans le moteur de recherche, je lui réponds que je suis malheureusement trop occupé (j’ai en effet autre chose à faire que donner des interviews sans lendemain). Actuellement, plus de la moitié de mes patients ont tapé mon nom dans un moteur de recherche avant de me consulter. Ils me parlent, en passant, de documents qu’ils y ont lus à mon sujet. Aujourd’hui, la majorité des intellectuels ont le « réflexe Google » pour ne pas perdre leur précieux temps. Comment ces analystes, champions de la pensée soupçonneuse, voire paranoïde, ne se sont-ils pas méfiés ? En vérité, ils sont tellement convaincus de leur valeur, leur Moi est tellement gonflé, qu’ils se voyaient déjà glorifiés via Arte. On les comprend : avec France-Culture et Le Monde, Arte est le média par excellence de la diffusion de la doctrine psychanalytique pour les happy few.

 

D’autre part, Sophie Robert aurait-elle présenté un document orienté, qui aurait le droit de lui jeter la première pierre ? Ceux qui ont vu des émissions d’Arte sur Freud ou sur d’autres chaînes françaises ont pu constater que les réalisateurs orientent systématiquement les documentaires dans le sens des légendes freudiennes5. Pire : ils mentent sans vergogne. J’ai montré des années durant à mes étudiants un film d’Arte sur Freud où l’on voit Mme Roudinesco et Peter Gay présenter le cas d’Anna O. comme une réussite spectaculaire de la psychanalyse, alors que tous les historiens du freudisme savent parfaitement que « la cure par la parole » avait exacerbé ses troubles au point de devoir l’envoyer dans un institut psychiatrique.

 

Pour des détails sur Anna O, voir l’ouvrage tout récemment paru de Mikkel Borch-Jacobsen, le meilleur historien actuel du freudisme :

 

Les Patients de Freud. Ed. Sciences humaines, 2011, 224 p., 14 €

 

Pour un aperçu,

 

Taper dans un moteur de recherche : EDPH2277

 

puis cliquer sur « documents » et enfin choisir : Patiens_de_Freud.doc

 

Dès qu’il s’agit de venir en aide à un public dupé, exploité, ignorant ou naïf, victime des puissances d’argent et de pouvoir, on a le droit, si pas le devoir, de faire des documents qui aient une certaine force démasquante et même d’employer des méthodes comme la caméra cachée. Il en va ainsi pour la scientologie, l’astrologie et d’autres pseudosciences, parmi lesquelles le freudisme, le lacanisme et le kleinisme.

 

Il y a quelques jours, la première chaîne de télévision flamande a diffusé un long documentaire sur le sucre. On y voyait : d’abord une famille ayant décidé de ne plus consommer des desserts et des sodas pendant un mois, ensuite les différents méfaits du sucre, une apologie d’une petite plante (stévia) qui donne la saveur du sucre sans aucun des inconvénients du sucre de betterave, un professeur de l’université de Louvain, très convaincant, ayant fait des recherches sur cette plante, la dénonciation du lobby des producteurs de sucre de betterave qui avait entravé durant des années l’autorisation d’employer la stévia dans des biscuits et autres aliments. L’émission se clôturait sur des déclarations de la famille qui avait éliminé une grande quantité de sucre : le père avait perdu plusieurs kilos, l’aîné des garçons disait mieux dormir et les parents ajoutaient qu’il était moins nerveux. Aucun producteur de betteraves n’est apparu à l’écran. On peut trouver cela scandaleux, car que vont devenir ces braves cultivateurs de betterave si on remplace de plus en plus leur production par celle de la stévia ?

 

Si Sophie Robert est condamnée pour avoir fait un documentaire orienté, il faudra également condamner le réalisateur de ce documentaire sur le sucre, mais surtout quasi tous les journalistes qui interviewent des hommes politiques. On imagine facilement les politiciens, de gauche comme de droite, venir encombrer les tribunaux avec des histoires de « Castration » ou de leur propos.

 

 

 

2. Le soi-disant traficotage des interviews

 

Mme Eliacheff déclare :

 

« L’une de ses techniques [de Sophie Robert] a consisté à refaire hors champ une question concernant l’autisme en donnant comme réponse des phrases tronquées extraites d’un autre contexte. L’effet de ridicule est assuré mais plus grave, le message est inversé » (je souligne)

 

Sur quels faits précis Mme Eliacheff se fonde-t-elle pour affirmer que Sophie Rober a utilisé cette technique d’« inversion » ? Est-elle extralucide ? Elle ne donne PAS UN SEUL EXEMPLE. Il faut la croire sur parole.

 

Actuellement, très peu de personnes peuvent en juger. Pas même la juge au moment de présider l’audience du 8 décembre (elle n’avait pas encore visionné les rushes), pas moi et pas davantage Mme Eliacheff. En l’absence de l’examen approfondi des rushes, nous ne pouvons absolument pas en juger. Il me revient que, lors du procès, les plaignants n’ont PAS donné UN SEUL EXEMPLE CONCRET du procédé d’« inversion » qu’aurait utilisé Sophie Robert à leur encontre.

 

Mais pour Mme Eliacheff il s’agit d’une évidence. La mise en question de la doctrine et de la corporation ne peut être que l’expression d’une honteuse malhonnêteté.

 

 

 

3. Le trépied de Mme Eliacheff

 

Mme Eliacheff déclare :

 

selon S. Robert, les psychanalystes « sont les uniques responsables du retard pris par la France dans la mise en place de méthodes éducatives qui, elles seules, je dis bien seules, seraient efficaces. En réalité, ces spécialistes de l’autisme non seulement défendent, mais mettent en pratique un trépiedcomportant, comme l’un d’eux le résume, une approche éducative toujours, une approche pédagogique si possible et une approche thérapeutique si nécessaire ».

 

1° La France, en matière de traitement de l’autisme, a pris un retard considérable par rapport à la majorité des pays occidentaux. Son retard concerne également la psychothérapie et d’autres domaines médicaux. Le professeur Alexandre Minkowski, qui avait réellement une réputation internationale pour des recherches médicales de haut niveau, a décrit ce décalage de la France par rapport à d’autres pays, notamment les Etats-Unis. Pour prendre mieux la mesure des dégâts provoqués par dogmatisme des mandarins, j’invite le lecteur à taper dans un moteur de recherche : EDPH2277

 

puis cliquer sur « documents » et enfin choisir : Universites.US.versus.France.doc

 

2° Quant à recommander un « trépied comportant, comme l’un d’eux le résume, une approche éducative toujours, une approche pédagogique si possible et une approche thérapeutique si nécessaire », c’est peut-être le cas de « l’un d’eux » comme le dit Mme Eliacheff, mais ce n’est pas du tout le cas des autres. Pour confirmation, je renvoie aux parents d’enfants avec un trouble autistique et aux différents sites que des parents désespérés ont constitués pour s’épauler.

 

Ce n’est que sous la pression des événements ACTUELS que les membres de la CIPPA se sont empressés de faire le mois dernier des déclarations en totale contradiction avec ce qu’ils pratiquent réellement depuis des années et dont témoigne le film de Sophie Robert. Par exemple, Alexandre Stevens, l’un des trois accusateurs, est parfaitement explicite quant au refus de l’approche éducative des TCC :

 

« Dans le monde francophone, l’envahissement par les techniques cognitivo-comportementales est un envahissement nouveau, récent, mais très présent actuellement. La psychanalyse se bat contre cet envahissement, n’est-ce pas. Certain nombre de collègues, spécialement Jacques-Alain Miller, ont pris la tête de cette lutte, de ce combat, d’autres aussi dans d’autres mouvements, n’est-ce pas. C’est un combat très important pour maintenir vivant la dimension au fond de la subjectivité par... c’est-à-dire des singularités de chaque sujet par rapport au fond à cette idée comportementale du réglage par cases »

 

Le traitement de l’autisme illustre cette conclusion du célèbre épistémologue anglais, Frank Cioffi, qui a été un des premiers à mettre le doigt sur les mensonges de Freud (fausses guérisons, cas inventés, etc.) : « le mouvement psychanalytique dans son ensemble est l'un des mouvements intellectuels les plus corrompus de l'Histoire6 ».

 



 

4. Mais pour qui roule Mme Eliacheff ?

 

Mme Eliacheff déclare dans son émission :

 

« Mais pour qui roule Sophie Robert ? Pour une association de parents d’enfants autistes, “Vaincre l’autisme” qui mène depuis des années une véritable croisade d’intoxication contre les psychanalystes. »

 

En fait, le film se trouve sur le site d’« Autistes sans frontières ».

 

Mme Eliacheff ignore peut-être qu’il existe plusieurs associations, mais c’est très peu important.

 

Ce qui l’est infiniment plus, c’est de savoir pour qui roule Mme Eliacheff.

 

 

 

1èrehypothèse

 

Mme Eliacheff roule pour le lobby lacanien, puissant, riche (pensons seulement à l’immense fortune amassée par Lacan7 et héritée par J.-A. Miller, qui a fourni son avocat aux trois plaignants), un lobby omniprésent sur France-Culture, Le Monde et quantité d’autres pourvoyeurs de l’idéologie freudo-lacanienne.

 

Pour des illustrations de ce lobby, on lira avec profit l’article d’Esteve Freixa i Baqué

 

« Le pouvoir (pas le moins du monde occulte) des psychanalystes »

 

paru dans la revue Science et pseudo-sciences (n° 293). Disponible en ligne :

 

http://freixa.over-blog.com/article-le-pouvoir-pas-lemoins-du-mondeocculte-68132844.html

 

 

 

Ou encore, de Patrice Van den Reysen

 

« Lettre à la chaîne de télévision franco-allemande : ARTE » :

 

http://vdrpatrice.pagesperso-orange.fr/Arte.html

 

 

 

2e hypothèse, dans le style freudien : la fidélité à la mémoire de la mère

 

Mme Eliacheff est la fille de Françoise Giroud, qui a eu l’immense privilège d’être psychanalysée par Lacan lui-même, pendant 400 séances, à un prix d’ami. Il y a là de quoi vouer une reconnaissance éternelle au Gourou parisien.

 

Dans Leçons particulières, la co-fondatrice, avec J.-J. Servan-Schreiber, de L’Express, consacre huit pages à son analyse chez Lacan. En 1963, elle a entrepris ce traitement suite à une rupture sentimentale, très mal vécue parce que « l’homme qu’elle aimait avait préféré une autre femme ». A l’époque, elle était déjà amie de Lacan. Elle écrit : « Il n’est pas d’usage qu’un analyste traite quelqu’un de proche, mais il se moquait des usages. Je fus bientôt parmi ses patients » (éd. Le livre de Poche, 1990, p. 106).

 

Soulignons au passage que les dirigeants politiques et les journalistes — détenteurs du quatrième pouvoir — bénéficient toujours, chez les psychanalystes soucieux de la propagation de leur doctrine, d’un statut tout à fait particulier.

 

La journaliste de L’Express a manifestement bénéficié de grands privilèges. Elle écrit :

 

« Le prix, c'était à la tête du client. Il [Lacan] ne m'a jamais matraquée, peut-être par amitié. Certains ont rapporté qu'il expédiait ses patients en dix minutes8. Je ne suis jamais restée chez lui moins d'une demi-heure, toujours écoutée avec attention comme deux mots percutants, lâchés ici ou là, le montraient. Peut-être, dans ses dernières années, a-t-il étémoins scrupuleux, ou disons plus cynique, désenchanté » (p. 111).

 

A lire F. Giroud, on constate que le bénéfice de ses 400 séances se résume à deux choses : ne plus « crouler sous le poids des mots refoulés, des cris avalés, des conduites obligées, de la face à sauver, toujours cette sacrée face » (p. 105) ; « reconstruire avec un homme une relation harmonieuse et solide sur un nouveau diapason » (p. 109). Quelques années plus tard, elle répétera : « Quand la représentation que l'on se fait de soi devient insupportable, le remède est là. [...] Ne plus rougir de soi, c'est la liberté réalisée. C'est ce qu'une psychanalyse bien conduite enseigne à ceux qui lui demandent secours »9.

 

N’étant plus analyste freudien, je m’en tiendrai à ces hypothèses, sachant parfaitement qu’on peut en imaginer encore bien d’autres. Je m’abstiendrai d’affirmer la véritable motivation qui fait rouler Mme Eliacheff.

 

 

Jacques van Rillaer

 

Professeur de psychologie émérite à l’Université de Louvain-la-Neuve

 

& aux Facultés universitaires St-Louis (Bruxelles)

 

 

 

1 Tout à la fin de sa vie, Freud, une fois de plus, écrit : « La psychanalyse est une partie de la science de l’âme (ein Stück der Seelenkunde). On l’appelle aussi “psychologie des profondeurs” («Some elementary lessons in Psycho-analysis» (1938), rééd. dans Gesammelte Werk, Fischer, XVII, p. 14). Freud s’est défini comme un investigateur de l’âme et non comme un observateur du comportement. Pour lui, les comportements ne constituent pas un objet d’étude en soi : ils ne sont qu’un reflet mensonger et inintéressant des profondeurs de l’âme. De là, la négligence de la simple observation de comportements et l’élaboration d’interprétations délirantes, sous prétexte d’être le Champollion de l’Inconscient.

 

2 La vie et l'œuvre de Sigmund Freud, P.U.F., 1969, tome III, p. 198.

 

3 Aujourd’hui, à l’université de Louvain, le système a radicalement changé. Les commissions de nominations tiennent fortement compte de la valeur des recherches effectuées et des publications dans des revues de haut niveau. C’est ce qui explique que les nominations de psychanalystes deviennent de plus en plus rares.

 

4 Voir p.ex., M. Legrand, Psychanalyse, science, société. Maradaga, 1983, 280 p.

 

5 Pour une revue des principales légendes freudiennes, voir

http://www.mythesfreudiens.com/fiches.html

 

6 In C. Meyer et al., Le Livre noir de la psychanalyse. Ed. Les Arènes, 2005, p. 45.

 

7 Pour des témoignages sur l’assuétude de Lacan à l’argent et sur la pratique extraordinairement rentable des didactiques : taper dans un moteur de recherche : EDPH2277 - puis cliquer sur « documents »

et choisir les texte suivants : Argent.Lacan.doc — Argent.Miller.doc

 

8 L’analyse de Fr. Giroud s’est déroulée de 1963 à 1967, époque où Lacan pratiquait déjà les séances courtes, mais pas encore ultra courtes, ni les « séances zéro », où les futurs analystes lacaniens venaient simplement payer, quotidiennement, le privilège d’être membre reconnu par l’Ecole freudienne de Paris.

 

9 F. Giroud, Le nouvel Observateur, n° 1610, 14-20 septembre 1995. « Ne plus rougir de soi », s'estimer davantage : c’est un apprentissage que favorisent, avec raison, beaucoup de psychothérapies. Les thérapies comportementales et cognitives s'en sont fait une spécialité. Voir p.ex. F. Fanget : Affirmez-vous ! Odile Jacob, 2000, 222 p. — Osez. Thérapie de la confiance en soi. Odile Jacob, 2003, 288 p.

 

 

 

 

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 20:27

Un documentaire sur l'autisme suscite la controverse dans le milieu de la psychanalyse

Estimant avoir été piégés et ridiculisés, trois psychanalystes intentent un procès à la réalisatrice du " Mur ", Sophie Robert, jeudi 8 décembre

 

 

 

 

Les sujets les plus complexes sont parfois ceux qu'on évoque de la façon la plus simpliste. L'autisme, par exemple. S'estimant victimes d'un " sabotage ", trois psychanalystes ont assigné la documentariste lilloise Sophie Robert, réalisatrice d'un film de 52 minutes intitulé Le Mur et sous-titré La psychanalyse à l'épreuve de l'autisme, en demandant l'interdiction de sa diffusion. L'affaire devait être entendue sur le fond, jeudi 8 décembre, au tribunal de grande instance de Lille.

Diffusé depuis le 8 septembre sur le site Internet de plusieurs associations de parents d'autistes, Le Mur a été partiellement financé par l'association Autistes sans frontières. Sa réalisatrice y met en scène une dizaine de psychanalystes, qu'elle a longuement interrogés. L'un explique que cette pathologie peut être la conséquence d'une dépression maternelle, un autre parle de " mère psychogène ", un autre encore de " désir incestueux " et de " folie transitoire " de la mère. Ce jargon psychanalytique est présenté en opposition avec deux familles filmées dans leur environnement quotidien, dont les enfants autistes, affirment les parents, ont bénéficié d'une prise en charge éducative et comportementale. L'ensemble a pour objet de montrer l'inefficacité, voire la nocivité de l'approche psychanalytique de l'autisme au regard des méthodes éducatives. Sans guère convaincre, tant aucune vraie parole n'est finalement donnée ni aux uns ni aux autres.

Les trois psychanalystes qui l'ont assignée en justice, Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens, sont tous membres de l'Ecole de la cause freudienne. Après avoir été contactés par Sophie Robert en septembre 2010 " en vue de la réalisation d'un film documentaire ", ils estiment avoir été " piégés " dans " une entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse ". Sophie Robert leur ayant assuré que la diffusion télévisuelle de ce film était " sérieusement envisagée, notamment sur la chaîne Arte ", ils demandent à être considérés comme auteurs et à pouvoir, à ce titre, empêcher la diffusion de leurs propos. Le tribunal devra par ailleurs examiner si la réalisatrice est sortie des autorisations de tournage qu'ils ont signées préalablement à leur interview.

" Sophie Robert est venue me voir pour un 52 minutes qui devait être diffusé sur Arte, sur la psychanalyse et l'autisme. Mais des trois heures d'entretien que j'ai passées avec elle, elle n'a pratiquement gardé qu'un bref passage, où je parle... de biologie ! ", commente pour sa part le pédopsychiatre et psychanalyste Bernard Golse, chef de service à l'hôpital Necker-Enfants malades, qui évoque une " affaire lamentable ". Même réaction de la part de Pierre Delion, chef de service au CHRU de Lille, qui s'estime " victime d'un abus de confiance ".

Pour ce pédopsychiatre psychanalyste, la théorie selon laquelle l'autisme serait provoqué par la mère est " complètement dépassée ". " La psychanalyse n'a rien à dire sur les causes de l'autisme, dont on sait aujourd'hui qu'elles peuvent être à la fois d'origine génétique, neurodéveloppementale et environnementale ", précise-t-il, en ajoutant que ce trouble nécessite " une prise en charge pédo-psychiatrique intégrative, qui articule trois approches : éducative, pédagogique et thérapeutique ". Un discours qui n'apparaît nullement dans Le Mur, bien que Sophie Robert ne le démente pas.

" Je ne conteste pas que certains psychanalystes disent qu'il faut une approche intégrative. Mais le fait est que j'ai découvert le contraire, affirme-t-elle. J'ai découvert que pour le noyau dur des psychanalystes français, qu'ils soient freudiens, lacaniens ou autres, la notion de toxicité maternelle en matière d'autisme reste extrêmement présente. Dans leur théorie comme dans leur pratique. "

Si plus personne ne conteste aujourd'hui l'efficacité du dépistage précoce de l'autisme et de son traitement par des programmes éducatifs adaptés, la prise en charge de ce trouble envahissant du développement (TED) reste notoirement insuffisante en France. Là est le vrai problème. Et l'opposition entre psychanalystes et partisans des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), restée très vivace au pays de Lacan, n'a pas contribué à le résoudre, entretenant au contraire un climat de polémique dont les enfants autistes et leurs familles ont longtemps été les otages.

La situation a toutefois commencé à évoluer ces dernières années, et la plupart des experts se concentrent désormais sur la nécessité d'améliorer le diagnostic et le traitement précoces de cette grave pathologie du développement, qui concerne environ deux personnes sur mille de moins de 20 ans. Depuis deux ans, la Haute Autorité de santé et l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux élaborent notamment des recommandations de bonne pratique sur la prise en charge éducative et thérapeutique des enfants et adolescents avec autisme. Leurs conclusions devraient être rendues publiques au premier trimestre 2012.

Catherine Vincent

© Le Monde

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