Tous les enfants doivent avoir l’égalité des chances à l’école ?
Le droit à l'éducation, cela concerne tous les enfants?
Pas vraiment, j'explique le cas de mon fils Gustav, 7 ans, autiste.
Un enfant autiste à l’école ne peut avoir les mêmes chances que les autres sans une aide adaptée, sans des gens qui connaissent ce handicap, qui savent comment communiquer avec lui et le faire communiquer avec les autres, qui savent comment le faire travailler.
Gustav Loustalot-Forest, autiste de 7 ans, a commencé l’année scolaire avec une assistante formée à l’autisme, supervisée par une psychologue elle même spécialisée en autisme.
Il a bien progressé avec son assistante, qui s’occupait aussi de lui pendant la récréation, le faisait interagir avec les autres enfants avec succès. Les deux premières mois il a été scolarisé mi-temps.
Mais le 19 octobre les parents de Gustav demandent qu’il aille à l’école à plein temps.
L’école accepte cette décision et donne son accord à l’embauche d’une AVS de l’éducation nationale les après-midi, soit Gustav est accompagné par deux AVS 24 heures.
Une semaine et demi plus tard, les parents reçoivent une lettre de l’école qui dit que Gustav a droit à seulement 12 heures d’école et que l’AVS privée ne peut plus venir. Cette lettre précise en outre que si les parents n’acceptent pas cette situation, il leur appartient de trouver une autre solution pour la scolarisation de leur fils.
En dépit de cette situation, les parents laissent Gustav à plein temps avec l’AVS privée, s’en tenant à la décision du PPS du 19 octobre.
Les parents estiment que Gustav arrive à bien s’adapter à cette nouvelle situation et les deux AVS émettent des opinions positifs sur la situation de Gustav.
Le 6 décembre a lieu une nouvelle réunion de PPS entre les parents et l’école.
Pendant cette réunion l’école fait savoir que l’AVS privée ne peut plus venir à l’école et que Gustav n’a droit qu’à 12 heures d’école, seulement les après-midi.
Les matins il peut, dit l’école, « travailler avec l’AVS privée à la maison ».
Les raisons sont que Gustav serait fatigué et perturberait la classe, pourtant la maîtresse n’a jamais parlé des ces problèmes aux parents de Gustav pour trouver une solution.
Les parents veulent se battre contre cette décision qu’ils jugent discriminatoire. En effet, l’avis sur la situation de Gustav a évolué de façon négative à partir du jour où les parents ont demandé une scolarisation à plein temps comme le prévoit la loi.
Toutefois, l’AVS privée n’ose plus venir travailler à l’école, totalement découragée après la réunion avec l’école le 6 décembre.
Une journaliste du Dauphiné Libéré écrit un article et interview la directrice.
Contrairement à ce que l’école avait fait savoir lors de la réunion du 6 décembre, la directrice affirme que Gustav a droit à plein temps d’école et que l’école ne s’oppose pas à une scolarisation à plein temps..
En revanche, la directrice estime que, l’école est dans son droit d’interdire la présence de l’AVS privée, cela même alors que sa présence n’a pas posé de problème entre septembre et décembre.
Lors d’une réunion le 12 décembre avec l’Inspecteur académique, la directrice de l’école explique que l’AVS privée ne peut pas être à l’école pour des raisons de responsabilité et d’assurance, et que la présence de l’AVS privée pendant 3 mois, était une faveur faite aux parents, qui est désormais retirée.
L’inspecteur académique affirme qu’une personne étrangère à l’école ne peut être présente car en cas de dommage causé à un enfant, les parents du dit enfant pourrait se retourner contre l’école.
Il propose toutefois d’avoir recours à une autre AVS publique, en raison de l’impossibilité de recourir à l’AVS privée.
Le résultat de cette décision est que Gustav va depuis le 6 décembre à l’école sans AVS le matin.
Les après-midi il continue avec l’AVS publique. Celle ci ne disposant d’aucune formation particulière sur l’autisme et elle n’a pas le droit de communiquer avec les parents.
Il est en outre à signaler qu’aucune personne dans l’école ne dispose de formation en la matière, tout au plus des conceptions archaïques.
La maîtresse dit aux parents dès la fin de la semaine de janvier que Gustav ne peut pas suivre, qu’il ne participe pas et ne peut pas rester assis.
Gustav commence donc l’année 2010 sans AVS le matin, moment où l’essentiel des apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, calcul) à lieu, et il n’arrive pas à suivre.
La maîtresse n’arrive pas à le cadrer en classe. L’école ne propose aucune méthode alternative permettant d’intégrer Gustav et de la faire progresser.
Pendant la recréation, du fait de l’absence de l’AVS privée, personne ne peut l’aider à interagir avec les autres. Il commence de nouveau à courir dans la cours, à s’autostimuler pendant la recréation, sans aide au jeu et à l’interaction.
La maîtresse se contente de commentaires négatifs tels que c’était difficile ce matin » ou « ce matin il n’a pas fait grand chose », et l’AVS publique n’a pas le droit de communiquer directement avec les parents.
L’AVS privée, Camille, est à la maison, disponible pour travailler avec Gustav, et ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas venir travailler avec Gustav à l’école. En plus, son stage rémunéré et important pour ses études s’est brusquement arrêté du jour au lendemain, sans vraiment d’éxplication de la part de l’école.
La psychologue qui supervise Camille et la présidente de l’association par laquelle Camille est employé ont essayé de voir la directrice pour tenter de lui expliquer l’importance de disposer d’une AVS formée, mais la directrice refuse de les rencontrer.
Sans une bonne assistante Gustav se ferme sur lui même, n’apprend pas, ne progresse pas.
Les personnes qui s’occupent de ces enfants doivent avoir des connaissances à jour sur ce handicap et la façon dont il faut communiquer pour que ces enfants apprennent à interagir, à écouter la maîtresse, à comprendre et suivre les consignes. C’est la responsabilité de l’équipe pédagogique d’acquerir ses connaissances.
Un enfant autiste doit avoir les mêmes droits que les autres, avec les adaptations nécessaires pour pouvoir suivre l’école. C’est écrit dans la loi sur la scolarisation des enfants handicapées de 2005.
Que dirait on si on enlevait à un enfant hémiplégique son fauteuil roulant ou qu’on exige de lui de faire les mêmes exercices physiques que les autres enfants ?
C’est exactement la situation dans laquelle se trouve Gustav.
Lui enlever une aide formée, motivée et supervisée par une psychologue, pour le remplacer d’abord par personne et après par une autre aide non formée, non supervisée, ce n’est pas donner à un enfant autiste la égalité de chances. C’est comme si un enfant sourd allait avoir une assistante qui ne connaissait pas le langage de signes !
C’est une violation de la loi de 2005 et une discrimination caractérisée.
Enfin, l’attitude de l’école est particulièrement choquante car elle est motivée uniquement par un désir de rétorsion suite à la demande des parents de vouloir voir leur enfant être scolarisé à plein temps
Qui pourrait croire que c’est en scolarisant moins un enfant qui à des difficultés d’apprentissage que l’on peut l’aider à résoudre ses problèmes ?
Qui pourrait croire que c’est en ne permettant pas à un enfant qui à des difficultés de langage et d’interaction avec les autres enfants d’aller à l’école mais de rester à la maison que l’on va l’aider dans ses domaines ? Qu’un enfant qu’a besoin d’apprendre l’independance n’a même pas le droit de manger à la cantine de l’école ?
L’école ne fait pas son travail en matière d’intégration scolaire de Gustav et elle en outre contribue à la rendre plus difficile.